dimanche 19 juin 2011

La corrida rentre, Rama Yade sort.


La corrida, je ne suis ni pour, ni contre. Je suis briochin. La corrida n’est pas dans nos mœurs. Mais dans la mesure où elle est avant tout une fête, un spectacle, une communion, un sport et une passion (certes dangereuse pour le taureau, souvent, et pour le toréador, parfois), pourquoi s’en offusquer ? Tout rite n’a-t-il pas une dimension sacrée (au-delà de ses aspects ridicules ou surannés) ? Et puis surtout, pour combattre le taureau, il faut le comprendre, «l’apprendre», l’avoir apprivoisé, élevé, côtoyé — l’aimer en quelque sorte. Le meilleur protecteur de la cause taurine est en définitive l’aficionados, le matador, ou le gardien des troupeaux vaguement sauvages au sein desquels seront sélectionnées les bêtes de combat présumées les plus véloces. De même que les pêcheurs et chasseurs qui conservent des espaces naturels et bichonnent des cheptels de proies sont en première ligne pour en assurer la pérennité. On prélève, on sacrifie dix bêtes, mais on en aura au préalable fait grandir cent.

Nous offusquons-nous pour les millions de crapauds, hérissons, hiboux, etc., qui périssent écrasés ou percutés par les véhicules que nous conduisons ? Et là, leur sacrifice n’est nullement lié à un spectacle, un rite ou une cérémonie !

Nous indignons-nous contre l’éradication des renards et autres ragondins que certaines hautes autorités (hautes en stupidité) déclarent nuisibles et donc bons à abattre sans sommation ?

Nous raidissons-nous contre le sort des porcs élevés en batteries, des dindes et des poulets, morts après avoir été engraissés et sans avoir vu jamais la lumière du soleil ?

Nous ne parlerons pas des batraciens endémiques à des zones qu’on urbanise (en dépit du bon sens ?). Pas plus que nous n’évoquerons le sort des limaces soigneusement empoisonnées par des jardiniers amoureux de la nature… ni celui des hannetons, des doryphores ou des pucerons…

L’homme est cruel avec les espèces dont il profite ou qu’il côtoie, bien obligé. Sa cruauté est sans borne et s’exerce également à l’encontre de ses semblables, pourvu que l’occasion se présente.

Quelqu’un reprendra de l’escalope ?

C. Cléran


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