samedi 14 janvier 2012

Pour en finir avec le soi-disant narcissisme des artistes


La création est un sacerdoce. Je le sais. Ne me demandez pas d’argumenter. Admettez-le. La création est une discipline, où il n’y a pas tant que ça de place pour l’improvisation, le j’m’en’foutisme, le superflu, l’amateurisme, la spontanéité ou le nombrilisme. C’est comme en sport, à haut niveau : on se frotte à l’adversaire, au chronomètre, on compétitionne, on accroît ses performances, on sue beaucoup, on essuie les critiques, mais on ne passe pas son temps devant son miroir à se pourlécher les babines, l’œil repu et le cervelet comblé.
L’artiste est forcément dans la recherche d’éléments pour poursuivre son œuvre, éléments que seules la réflexion, l’observation, la conversation, la concentration, la divagation, la spéculation, la méditation, sans parler de l’action bien entendu (qui est la forme visible d’une méditation en mouvement), ou plus généralement, la contemplation, autorisent, enrichissent, fertilisent, aiguisent ou personnifient.
La contemplation, parlons-en. Aristote en faisait un art vaguement suprême. Aristote ? C’est un ancien philosophe, Grec, qui est aux BHL, Comte-Sponville et consorts d’aujourd’hui, ce que Michel Platini et Abedi Pelé sont à Tony Vairelles et ses frères. Sans la contemplation, du monde et des idées, point de salut.
Pour aller plus loin, avancer dans son ministère, l’artiste va fouiller le tréfonds de son âme, qu’il exposera, ou non, au regard ébahi de ses contemporains. C’est un passage obligé. Ce n’est pas une perversion. Ce n’est pas une perte de temps. Ce n’est pas du dédain vis-à-vis de qui ou quoi que ce soit. C’est une nécessité vitale.


Cyrille Cléran


Membres