mardi 23 novembre 2010

Karachi dans la colle...

La France vend des armes. C’est difficilement justifiable sur les plans éthiques ou philosophiques. Sur le plan économique, il est de même assez évident que ces ventes sont contre-productives puisqu’il est récurrent de devoir démilitariser, « pacifier », lors d’opérations coûteuses (en hommes, en vies humaines, en énergie, etc.), des zones qu’on aura au préalable armées jusqu’aux dents.
Mais ce qu’on en retient, de ces ventes d’armes condamnables de ‘a’ à ‘z’ et de - ∞ à + ∞, c’est que certains en profitent pour créer des circulations juteuses de pognon sale.
Comme souvent, l’écume des faits ô combien nauséabonde et ses soudaines éclaboussures masque d’épais bas-fonds, assez putrides eux aussi, qui mériteraient un prompt récurage. Mais qui aura un jour le courage de nettoyer cet infâme merdier ? Qui osera dire que la vente d’armes, a fortiori organisée par des gouvernements humanistes et démocratiques, est une vaste aberration, une fumisterie dangereuse et une insulte au bon sens ?
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Notre énergique président souhaite une France de propriétaires fonciers, une France friquée, à l’abri du besoin. Mais rien n’est fait pour offrir un lit, des draps propres, un i-pod et un toit (ne serait-ce que ça) aux nécessiteux. Ce qui serait déjà un premier pas.
L’hiver approche — c’est la loi des saisons. Et à moins qu’il ne soit étonnamment doux, des gens vont encore mourir, de froid, dans la rue. Comme tous les ans. Le château de Versailles ou le palais de l’Élysée disposent pourtant de pièces inutilisées à foison ! Qu’attendons-nous pour leur donner un usage salutaire ?
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Soit on est un pays pauvre, sans ressource, sans vertu, et en ce cas, on n’a pas la possibilité d’offrir l’asile à qui que ce soit, ni celle d’offrir des ponts d’or à quiconque. Soit on est un pays riche aux valeurs nombreuses et chatoyantes, auquel cas, on n’a aucune raison de refuser leur partage.
Est-ce clair ? Pas suffisamment ? Alors illustrons. Il y a deux hypothèses. La première : nous sommes des crevards. L’hospitalité, la générosité, la clémence, la bonne intelligence, la régularisation immédiate des sans-papiers ou l’utopie du revenu universel garanti ne sont pas de notre ressort. Et c’est normal ! Demanderait-on à un malade cacochyme en phase terminale d’organiser un festival caritatif ?
Dans la deuxième hypothèse : le pays ne manque pas de grandeur. Et cette hypothèse (ma préférée) implique de poser des actes en ce sens.

Cyrille Cléran



jeudi 11 novembre 2010

Petit coup de pompe et grandes idées


Quand on est épuisé, on n’a pas forcément la force de s’indigner, voire se rebeller. Tout travail induisant une grosse fatigue, le travail systématisé est la meilleure façon d’arracher les racines de la protestation (tout en créant un climat de soumission généralisée, vaguement pénible, guère glamour, un peu déprimant pour tout dire).
Ainsi, peu à peu, on avance vers une société plus endurante, dure au mal, plus performante, plus fataliste (et peut-être un peu moins gaie que si elle avait choisi un autre modèle de développement, non pas centré sur le travail, mais sur une quelconque autre notion), au sein de laquelle les laissés-pour-compte, les impuissants, les faiblards, les zombies, les crevards, les désabusés, les cyniques, les indifférents et les traîne-misère se multiplient.
Quand on n’a pas la force de s’indigner, de combattre, peut-être doit-on se satisfaire des forces dont on dispose — forces qui peuvent être suffisantes pour allumer un téléviseur ou emplir une casserole d’eau pour les nouilles.

C. Cléran

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