Quand
on n’est pas capable de chevaucher une chauve-souris, ni de driver un pangolin,
à quoi bon prétendre à débourrer un tigre (310 kg de muscles et de
vélocité féroce) ?
N’oublions
pas qu’Emmanuel Macron est lui aussi un enfant de la télé-réalité. La vacuité
d’un scénario torché à la va-vite ou d’un dialogue improvisé, la putasserie d’une
mise en scène débilitante sont autant de choses desquelles il est hautement
familier – même s’il préfère s’associer au philosophe Paul Ricœur
(1913-2005) ou à Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de La
Fayette (1634-1693) et accessoirement autrice de La Princesse de Clèves,
celui qui prend conseil auprès de Paul Bismuth pour ce qui est de la
stratégie géopolitique à suivre, n’en demeure pas moins sous l’influence des Loana,
Cyril Hanouna et consorts.
Extrait du Guide des parents confinés produit par Marlène Schiappa et son magistral Secrétariat d’État auprès du Premier ministre, chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations (page 30).
Alors
quand on lui dit que 23, 24, 35 puis 36 millions de paires d’yeux sont braquées
sur ses apparitions magiques dans la petite lucarne, l’ex-collégien de La
Providence amiénoise ne boude pas son plaisir. Il exulte. Il bande, il
illumine, il irradie. Il dégorge de vannes et de références délicieuses :
il nous parle de pâtes et de jambon, de répétitions théâtrales devant 15 élèves
déconfinés dont la vie en sera à jamais chamboulée (il se raconte, se souvient
de ses premières amours écloses dans de pareilles circonstances, dans un
établissement jésuite néanmoins, sous la houlette de sa prof de français et de
latin, devenue depuis la Première dame du pays). Il nous parle aussi de tigres
et autres billevesées, qui auront surtout l’avantage de masquer l’absence
absolue des mesures de grande ampleur qui auraient pu être prises s’il en avait
vraiment eu quelque chose à carrer, de la situation sombre des intermittents et
autres professions en danger : moratoire sur les loyers ; revenu universel ;
réduction des budgets liés à la Défense et à l’arme nucléaire pour abonder ceux
de la Culture, de l’Éducation ou de la Santé ; préservation des
espaces-espèces naturel·les et autres limitations des pollutions ; fin du
règne du productivisme débridé – dont on sait sans conteste la nocivité. Bref,
la Lune était pleine. Notre président devait penser que c’était la meilleure
période pour nous la vendre.
Cyrille Cléran