jeudi 28 octobre 2010

Âme, conscience et corps social


S’il y a bien un lieu où la notion de consensus n’a guère cours, c’est celui de la sphère privée et individuelle. Là où chacun fait ce qui lui plaît, ou ce qu’il peut. Là, au cœur de l’être, au plus près du très intime, les généralités ne sont pas opérantes. Les cellules de chacun mènent une vie, particulière, unique, indécalcable. Chaque existence étant par définition irremplaçable, et sans équivalent, de quel droit pourrait-on ordonner à ces vies de suivre un seul et même modèle (le modèle américain, par exemple, ou le modèle stakhanoviste) ? Peut-on croire, sans s’épargner le ridicule, qu’on pourra empêcher quiconque de fumer, de voler, de fainéanter, de voyager dans des déserts hostiles ou sur des mers lointaines, de s’empiffrer de produits gras et salés ou hors de prix, de s’exprimer ou de boire avec excès, de chômer ou de travailler comme un dingue ?
On ne peut pas ériger une règle, et une seule, valable pour tout un chacun. Ce type de règle n’existe pas. Le système humain ne fonctionne pas sur le mode arithmétique. Nul ne peut ordonner, décréter, dicter sa loi et l’imposer aux autres sans outrepasser maintes idiosyncrasies.
Au demeurant, si on comprend qu’il faut protéger (et reconnaître) ces individualités — et si je vous barbe, n’hésitez pas à me le faire savoir —, on comprendra qu’il peut être aussi fécond de s’intéresser à ce qui les transcende. Existe-t-il des valeurs supérieures auxquelles se soumettre ? Y a-t-il des idées au-dessus de tout ? Devant quelles forces les individualités auront-elles tout à fait raison de s’incliner ? Telles seront les questions sur lesquelles nous conclurons et ce sera bien suffisant pour aujourd’hui.

Cyrille Cléran

lundi 25 octobre 2010

Ah l'union !


On vit plus vieux parce que les conditions de vie se sont, pour une immense majorité de gens, améliorées. Vacances ; congés payés ; week-ends ; loisirs multiples ; alimentations variées, abondantes ; savoirs accessibles ; gamme de soins élargie ; hygiènes sensées ; territoire pacifié depuis l’armistice du 8 mai 1945 ; tissu social hyper-développé (associations, clubs, services publiques, commerces, comités de jumelage, réunions de toutes sortes, festivals…) : techniquement, les raisons de cette espérance de vie en hausse sont nombreuses et liées à des causes connues, calculées, étudiées. On vit mieux grâce à la solidarité, grâce à la synergie, grâce à des savoir-faire, grâce à l’union (qui fait la force et conduit aux douceurs), grâce aux progrès voulus et aux efforts consentis jour après jour, semaine après semaine, année après année, décennie après décennie et ce, depuis plus d’un demi-siècle.
Alors, parce qu’on vit plus vieux, certains considèrent qu’on devrait donc travailler plus longtemps, alors même que c’était parce qu’on travaillait un petit peu moins qu’on vivait plus vieux.

Cyrille Cléran

samedi 23 octobre 2010

Appel au calme

Les livres font partie des garants de la paix et de la concorde. Étant donné qu’une durée comprise (au bas mot) entre six mois et dix ans est nécessaire à leur élaboration, on comprendra aisément que les auteurs ont besoin, durant cette période, de calme. Le calme ! C’est important.
Sans, impossible non plus de lire ces ouvrages, fruits de la concentration forcenée de gens de plume enfermés dans de sombres alcôves seulement reliées au monde extérieur par un poste radio PO-GO-FM chuintant ou une lucarne crasseuse fouettée par des pluies ininterrompues qui balaient la ruelle où passent de tristes inconnus.
Sans le calme et les livres, nulle perspective.

Cyrille Cléran
PS : on pourra reprendre ce raisonnement avec le football et la liesse des supporters qui vivent au rythme des saisons, des championnats, des transferts, des relégations, des victoires (toujours trop rares), des Coupes et des convalescences des joueurs blessés. Ça marche aussi : sans le foot et ses différentes divisions, les horizons s’obscurciraient, les aliments perdraient leur saveur, les santés s’étioleraient. Bref, le chaos pointerait.
On pourra aussi avec un même succès appliquer ce schéma à l’agriculture, aux 3 × 8 et aux autres efforts auxquels se contraignent les êtres vivants.


mercredi 20 octobre 2010

Promesses non tenues



On y croit tellement, à ce monde merveilleux qu’on s’engage à mettre sur les rails, qu’on est élu.
Ça peut arriver à tout le monde. On croit qu’on va pouvoir tout améliorer, que les riches seront heureux de baigner dans le flouze et que les pauvres seront ravis de participer à ce système enchanteur qui permet à certains de vivre ce que d’autres rêvent de vivre — système qu’activent la frustration des uns et l’opulence des autres.
C’est ce qui est arrivé à notre actuel Président, qu’on ne présente plus et qui, espérons-le, fera de même, en ne se représentant pas.
Mais son conte de fée connaît des mauvaises passes. Du coup, il n’a pas pu tenir ses promesses. Ou bien est-ce parce qu’il a été incapable de les tenir qu’il traverse une période de turbulences.
Je ne crois pas me tromper de beaucoup en imaginant qu’aujourd’hui, ce système qui n’a pas tenu ses promesses va vaciller. Quand le soufre d’une allumette a été mouillé, l’allumette est bonne à jeter. Il en est de même avec le sarkozysme. Et il reste à inventer une nouvelle manière de faire le feu.

Cyrille Cléran




Membres