jeudi 28 octobre 2010

Âme, conscience et corps social


S’il y a bien un lieu où la notion de consensus n’a guère cours, c’est celui de la sphère privée et individuelle. Là où chacun fait ce qui lui plaît, ou ce qu’il peut. Là, au cœur de l’être, au plus près du très intime, les généralités ne sont pas opérantes. Les cellules de chacun mènent une vie, particulière, unique, indécalcable. Chaque existence étant par définition irremplaçable, et sans équivalent, de quel droit pourrait-on ordonner à ces vies de suivre un seul et même modèle (le modèle américain, par exemple, ou le modèle stakhanoviste) ? Peut-on croire, sans s’épargner le ridicule, qu’on pourra empêcher quiconque de fumer, de voler, de fainéanter, de voyager dans des déserts hostiles ou sur des mers lointaines, de s’empiffrer de produits gras et salés ou hors de prix, de s’exprimer ou de boire avec excès, de chômer ou de travailler comme un dingue ?
On ne peut pas ériger une règle, et une seule, valable pour tout un chacun. Ce type de règle n’existe pas. Le système humain ne fonctionne pas sur le mode arithmétique. Nul ne peut ordonner, décréter, dicter sa loi et l’imposer aux autres sans outrepasser maintes idiosyncrasies.
Au demeurant, si on comprend qu’il faut protéger (et reconnaître) ces individualités — et si je vous barbe, n’hésitez pas à me le faire savoir —, on comprendra qu’il peut être aussi fécond de s’intéresser à ce qui les transcende. Existe-t-il des valeurs supérieures auxquelles se soumettre ? Y a-t-il des idées au-dessus de tout ? Devant quelles forces les individualités auront-elles tout à fait raison de s’incliner ? Telles seront les questions sur lesquelles nous conclurons et ce sera bien suffisant pour aujourd’hui.

Cyrille Cléran

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