jeudi 11 novembre 2010

Petit coup de pompe et grandes idées


Quand on est épuisé, on n’a pas forcément la force de s’indigner, voire se rebeller. Tout travail induisant une grosse fatigue, le travail systématisé est la meilleure façon d’arracher les racines de la protestation (tout en créant un climat de soumission généralisée, vaguement pénible, guère glamour, un peu déprimant pour tout dire).
Ainsi, peu à peu, on avance vers une société plus endurante, dure au mal, plus performante, plus fataliste (et peut-être un peu moins gaie que si elle avait choisi un autre modèle de développement, non pas centré sur le travail, mais sur une quelconque autre notion), au sein de laquelle les laissés-pour-compte, les impuissants, les faiblards, les zombies, les crevards, les désabusés, les cyniques, les indifférents et les traîne-misère se multiplient.
Quand on n’a pas la force de s’indigner, de combattre, peut-être doit-on se satisfaire des forces dont on dispose — forces qui peuvent être suffisantes pour allumer un téléviseur ou emplir une casserole d’eau pour les nouilles.

C. Cléran

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