Geoffroy Didier, 36 ans,
avocat, Umpiste formé à Harvard, est un représentant de la droite dure, forte,
hétérosexuelle et tricolore. Nostalgique thuriféraire de Sarkozy, il se dit contre
les mosquées équipées de minarets (entendu hier soir chez Ardisson dans
« Salut les Terriens »). Des mosquées ? Oui. Mais des minarets :
non ! Pourquoi ? Parce que la France est de culture judéo-chrétienne
; les minarets, anti-culturels, seraient donc indésirables.
La question qui me vient à
l'esprit : à quoi cela sert-il d'aller faire des études outre-Atlantique
si c'est pour ensuite manquer à ce point de recul et de connaissance ? Car
contrairement à ce que professe ce jeune avocat, les populations installées sur
ce territoire qu'on appelle aujourd'hui France n'ont pas attendu les dogmes et
les paroles d'Évangiles des émissaires papaux venus de Rome ou d'Avignon pour
posséder une culture. Les Celtes, les Angles, les Saxons, les Grecs, les
Vikings, etc., ont apporté leur grain de sel, leurs techniques, leurs
croyances, leurs modes de vie. Le brassage depuis la nuit des temps est heureusement
ininterrompu. Et ce n'est pas Geoffroy Didier qui y pourra quelque chose. Les
religions, les politiques, les superstitions, les scepticismes se sont succédé,
hybridés, confrontés, amalgamés, abâtardis. En tout bien tout honneur. Et
parfois aussi dans l'horreur. Ce sont des faits. En témoignent les résidus
d'animismes, les mégalithes druidiques, les ruines de temples dédiés au culte
des dieux antiques et autres sites préhistoriques qui parsèment landes et
bocages.
Bref, que Geoffroy Didier
soit chrétien, catholique, c'est une chose. Et c'est son droit, garanti par
notre république laïque. Qu'on réduise en revanche la France à une terre
catholique, c'en est une autre. N'en déplaise à Benoît XVI (si jamais il
parcourt ce blog).
En conséquence de quoi, de
la même façon qu'on acceptera les fontaines magiques, les grottes sacrées, les
chênes enchantés, les autels merveilleux, les cathédrales monumentales, les
synagogues ouvragées, les stupas colorés et les MJC ornées de graffitis
subventionnés, on devra tolérer (voire encourager) la construction de mosquées
aussi originales et typées soient-elles (et plus elles le seront, mieux ce
sera !). L'architecture est un art majeur. Ce serait triste de vouloir le
brimer au fallacieux prétexte que la France, au XVIIe siècle, fut
considérée comme la fille aînée de l'Église romaine par quelques fieffés
emmanchés qui n'y voyaient que des avantages.
Tout ça pour dire qu'on
ferait parfois mieux d'inviter quelques amis à la maison, autour d'un bol
d'olives et de toasts au tarama, plutôt qu'allumer la télé où s'invitent des
clampins pareils.
Cyrille Cléran
Sachez monsieur que Benoit XVI vient de lire ce billet et qu'il est passablement agacé. Il se faisait un plaisir de transformer le gourgandin en gloubiboulga et il a malencontreusement subi un plus rapide que lui. Il rumine donc une sorte de vengeance dans son coin, vous comprendrez la vexation, il est quand même un peu l'élu, enfin pas tout à fait mais pas loin. Et ce Geoffroy de Montmirail vous a toutes les qualités intrinsèques pour être pulvérisé sur la page d'un billet comme le tracteur neuf le ferait d'une bouse de vache fraîche. En conséquence de quoi, je ne vous dis pas bravo. Mais il me faut reconnaître que ce billet signe peut-être le début d'une nouvelle ère, l'apogée d'une nouvelle grande et belle époque, qui se chercherait un renouvellement et surtout un nouveau souffle.
RépondreSupprimerLaurent Wauquiez tricotant les trop nombreux napperons de son aigreur tout en ressassant la tartiflette de son mécontentement dans son bureau du Puy-en Velay, ce Didier Geoffrey semble être la nouvelle coqueluche d'une jeunesse qui serait en pleine perdition car on lui gâche la tarte à la crème à peine le gâteau entamé.
Tout ça pour dire que c'est un très beau billet, et qu'il va peut-être me falloir bosser car je vais encore passer des heures à rien foutre alors que pas mal de devoirs m'attendent. (ce Geoffroy attendra un peu, hein). Biz