jeudi 14 juillet 2011

Les communistes sauvent l’honneur


Intervenir militairement à l’étranger est tout de même un beau gâchis (cf. Irak, où le merdier perdure ; Indochine, où la boucherie fut complète ; Algérie, où la barbarie atteignit des sommets sur les pentes de la casbah d’Alger ; Afghanistan, où les pièges artisanaux pètent régulièrement en pleine rue ou devant les bases étrangères). Certes, on a des armes perfectionnées qui coûtent très cher alors il faut les rentabiliser. En plus, on a une armée professionnelle formée de redoutables soldats dont c’est le métier d’aller guerroyer avec un casque kaki et une mitraillette stéphanoise. Métier dont ils doivent assumer le risque principal, à savoir, celui de tomber pour la mère Patrie au champ d’honneur. Et puis il y a des méchants musulmans qui pullulent. Il y a des terroristes barbus aux portes de notre vieille Europe (certains l’ont même pénétrée, la vieille Europe qui, vu son grand âge, n’osait même plus espérer pareille intromission !). Il y a des ennemis de tout poil un peu partout animés d’une seule idée : nous nuire. Et puis, il y a aussi des fabricants de bombes qui ont besoin d’avoir un retour d’expérience afin de perfectionner un peu plus leurs outils de mort. Il y a des va-t-en-guerre, assis dans leur fauteuil en cuir derrière leur bureau en merisier, qui ont besoin de secouer les opinions, de faire monter l’adrénaline des populations qui sans cela s’ennuieraient ferme. Il y a toutes sortes de bons citoyens dont le courage sans limite va jusqu’à soutenir l’effort de guerre à travers, cependant, leur petite lucarne ou leur poste-radio. Bref, beaucoup sont d’accord pour s’engager contre la Libye de Kadhafi et ont de bonnes raisons pour ce faire. Envoyons des hommes et n’en parlons plus ! La plus visible de ces bonnes raisons étant qu’il faut bien remplir les livres d’Histoire : rien ne vaut un bon conflit, avec des chiffres effarants, des litanies de massacres, des revers épouvantables et des dates sanglantes. Rien ne les vaut, si on veut édifier les générations futures et leur inculquer durablement les vertus de la paix, de la concorde, de la non-violence, de la tendresse, la bienveillance et la fraternité.
Alors, au contraire, la priorité de la mère Patrie ne devrait-elle pas être de protéger ses enfants, y compris et d’abord ceux qui font la boulette — ou qui ont l’insigne honneur — de servir le drapeau et apprirent à tuer et à obéir aveuglément, au nom de la puissance et de la grandeur de la France ?
Mon poing dans ta gueule et tu la fermes : perdre son sang-froid, se mettre en colère, voir rouge, gonfler le poitrail et lancer ses avions à l’assaut d’un territoire ennemi, sont assurément des solutions, momentanées, sporadiques, à un problème. Mais — c’est con, il y a un « mais » — ce problème ressurgira tant qu’on ne développera pas un autre état d’esprit. D’abord : une intervention militaire devrait peut-être faire l’objet d’un référendum, suite à une information complète, objective et contradictoire. Et puis : celui qui déclare une guerre devrait être mis en première ligne, ce qui aurait sûrement des vertus dissuasives. Car dès lors que c’est sa propre vie qu’on risque, et non plus celle d’obscurs troufions, la donne change, on tergiverse, on pactise, on cherche une échappatoire, on se rend compte qu’il y a peut-être d’autres solutions que la force et le plomb fondu, on admet que le plus malin n’est pas forcément celui qui a la plus grosse (armée). Une intervention militaire devrait aussi n’intervenir qu’en dernier recours — sachant que ce recours à la violence, avec un minimum d’intelligence, peut être repoussé quasi indéfiniment. Des liens diplomatiques, commerciaux, universitaires, politiques, artistiques, scientifiques, spirituels, etc. (qui tous obligent à une certaine cordialité) peuvent être tissés, entretenus, co-inventés, repensés, comme autant de préliminaires balayant l’horizon de toute issue guerrière. Combien d’initiatives de cet acabit pourraient s’avérer judicieuses afin d’éviter des bains de sang et des guerres malheureuses ? Hein, combien ? Et c’est quand qu’on commence ?
C. Cléran

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